Motricité libre et DME

(un article de Morgane de chez Pousse de bébé)

 La motricité libre c’est quoi ?

(+) De merveilleuses affiches résumant la motricité libre

(+) Une superbe vidéo expliquant brièvement

La pédiatre hongroise Emmi Pikler ouvre sa pouponnière Loczy en 1946. Elle y développe le concept de motricité libre fondé sur l’observation du développement des nourrissons.

« La liberté motrice consiste à laisser libre cours à tous les mouvements spontanés de l’enfant, sans lui enseigner quelque mouvement que ce soit. »

L’intervention de l’adulte dans le développement moteur de l’enfant se limite à mettre en place un environnement sécurisé dans lequel ce dernier pourra s’épanouir et gagner confiance en lui-même.

L’enfant ne doit pas être contraint de prendre une posture qu’il n’est pas capable de prendre seul. En d’autres termes, la position assise (puisque c’est celle qui nous intéresse dans le cadre de l’alimentation) ne doit pas être imposée.

Comment appliquer le concept de motricité libre au moment du repas, notamment dans le cadre de la DME ?

Il faut faire la différence entre se tenir assis seul et s’asseoir seul. Dans le premier cas, la plupart du temps les bébés aux environs de 6 mois ont le tonus nécessaire de se tenir assis droit et sans soutien. Dans le second, ce n’est que plus tard, et à un âge variable selon le bébé, que ce dernier est capable de se mettre assis de lui-même, sans l’aide d’un adulte.

Il est utile de rappeler que, quelle que soit la méthode utilisée pour diversifier bébé, et ce pour des raisons de sécurité, il est nécessaire qu’il sache tenir assis seul (et donc pas forcément qu’il sache s’asseoir  ).

Emmi Pikler insiste beaucoup sur le rôle de l’adulte lors des soins et du repas qui doivent être des moments d’interactions privilégiés avec le bébé. Ils ont pour but de donner à l’enfant la sécurité affective dont il a besoin, de « recharger ses batteries » afin qu’il puisse exercer son autonomie en tout confiance.

C’est durant ces moments que l’adulte « sollicite [la] participation [de l’enfant] » et met en place « toute une « spirale interactive » au cours de laquelle l’enfant fait l’expérience de sa compétence et prend conscience de lui-même »[1].

Plus intéressant encore, la conception du moment du repas dans la pouponnière Loczy : l’adulte doit laisser l’initiative au bébé, le laisser libre de manipuler les ustensiles seul et de gérer les quantités d’aliment dont il a besoin.

Vous aussi vous avez l’impression d’entendre comme un écho ?

En réalité, l’approche de la DME est tout simplement la méthode de diversification alimentaire la plus en accord avec les principes de la libre motricité : autonomie, confiance en soi, respect de l’initiative de l’enfant etc.

En pratique, il n’existe pas de manière unique de concevoir le repas dans ce cadre.

La libre motricité se pratique essentiellement durant les périodes d’éveils et de jeux, dans un environnement dédié et sécurisé. Les repas et les soins sont des moments d’interaction avec l’adulte durant lesquels il encourage la participation de l’enfant en fonction de ses capacités. Il s’agit d’une « coopération » selon Emmi Pikler.

Certains parents préfèreront prendre bébé sur les genoux durant les repas, en ayant l’impression de moins le contraindre que lorsqu’il est dans une chaise-haute, mais cela est à éviter puisque ce n’est pas sécuritaire.

+Une question de posture

Pour rejoindre les principes de laisser le bébé libre de ses actions, il est néanmoins plus acceptable de faire des « pauses » au moment des repas sans entraver le développement moteur de l’enfant. Il peut alors être installé dans une chaise haute et être attaché (pour sa sécurité). Il peut alors profiter des avantages de la DME qui sont tout à fait complémentaires des valeurs véhiculées par la motricité libre comme le partage du repas en famille, la découverte de l’alimentation, l’interaction sociale et même le développement de sa motricité fine.

N’oublions pas qu’il s’agit là de remplir les réservoirs affectifs de nos petits aventuriers !

Enfin, il existe du mobilier adapté à l’enfant, comme les tables de sevrage, mais qui impose à l’enfant de manger seul à table. C’est, à mon sens, la solution qui est la moins en accord avec le besoin d’interaction de l’enfant et de partage des repas familiaux. Ce mobilier peut néanmoins être utile dans le cadre d’autres activités.

Pour conclure, loin de s’opposer, les deux méthodes sont complémentaires puisqu’elles poursuivent en réalité le même objectif : l’autonomie et le bien-être de l’enfant.


[1] http://pikler.fr/Annexes/Emmi_Pikler_Loczy/La_pouponniere_Loczy/Le_prendre_soin


Vous ne savez pas par où commencer? Vous manquez d’idées pour les premiers repas de votre bébé débutant? Notre calendrier des premiers repas est l’outil qu’il vous faut!

Pour vous renseigner sur la DME, notre livre est la source par excellence couvrant tous les sujets: des principes de base à l’évolution des bébés, en plus de proposer quelques recettes exclusives!

SUIVEZ NOUS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX!


2 réponses à “Motricité libre et DME”

  1. Bonjour ! Merci pour ce site qui est une mine d’information. Je suis effectivement en plein questionnement sur le timing pour débuter la diversification pour mon bébé qui vient d’avoir 6 mois et pour lequel je pratique la motricité libre. Il veut souvent piocher dans mon assiette et porte les objets à sa bouche en les tétant. Il ne se retourne pas encore sur le ventre et s’assoie encore moins. Je saisis bien la différence entre “tenir assis” et “s’asseoir seul” mais n’est ce pas une entrave à la motricité libre que de l’asseoir même sur moi sans qu’il ne sache le faire seul ? Est ce que je ne risque pas de lui faire mal ou de le perturber? Ne vaut-Il pas mieux repousser un peu la diversification? Merci bcp !! 🙂

  2. Tel que mentionné dans l’article, l’alimentation et les transports sont les exceptions à la motricité libre.